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Le sommeil, par Antoine Pottier, étudiant en psychologie

bébé dort avec casque - sommeil

Antoine Pottier (Promo 51, psychologie) a rédigé un bel article sur le sommeil dans le dernier “Déphi”, le journal de nos étudiants. Nous sommes heureux de vous le partager ici.

« S’étonner, travailler, méditer, se reposer ». Vous avez déjà entendu, si ce n’est appris ces 4 verbes, décrits comme les 4 verbes du philosophe. En effet, bien que tous soient importants, les élèves tendent à plus retenir le dernier et tendent à l’oublier lorsqu’il faut rendre pour le lendemain un DM de philosophie de la nature. Cette idée de repos ou de vie saine est partagée, et mise en avant, par de nombreux philosophes comme Epictète ou encore Descartes.

Occupant une place importante dans notre vie, environ un tiers, le sommeil est un état altéré de la conscience, réversible et périodique, caractérisé par un relâchement musculaire, un ralentissement des fonctions végétatives et une perte de vigilance.

Le sommeil peut se séparer en 5 stades différents d’une durée totale de 90 à 120 minutes. Le premier est celui de l’endormissement, avec un ralentissement de l’activité cérébrale et une respiration régulière. Le deuxième est le stade du sommeil léger, qui correspond à une phase de transition entre les stades 1 et 3. Le stade 3, appelé sommeil lent profond, est un stade de préparation de l’organisme au sommeil profond. S’ensuit alors le sommeil profond (stade 4), stade où l’organisme est au repos, permettant une récupération. C’est notamment durant ces stades que peuvent se produire des terreurs nocturnes, du somnambulisme, de la somniloquie (paroles) ou de l’énurésie.

A la suite de ces stades, vient le sommeil paradoxal ; en anglais REM (Rapid Eye Movement) en raison des saccades oculaires fréquemment observées durant ce stade. Propice aux rêves, le sommeil paradoxal reste toutefois encore mal connu et semble jouer un rôle important dans le processus de mémorisation et d’apprentissage.

Enfin, s’ensuit un stade intermédiaire caractérisé par un micro-réveil, avec la mise en place d’un nouveau cycle ou le réveil complet. En moyenne un sommeil complet correspond à la succession de 3 à 6 cycles.

La privation de sommeil peut avoir des conséquences néfastes sur l’organisme à différents niveaux. Tout d’abord, le manque de sommeil peut entrainer une augmentation de l’appétit due à une modulation des hormones qui le régulent, comme la léptine ou la ghréline. Associée à une baisse des dépenses énergétiques durant la phase d’éveil, l’augmentation des apports énergétiques peut mener à une prise de poids. Dans sa méta-analyse de 2009 FP Cappuccio explique que la quantité et la qualité du sommeil ont un fort impact sur le risque de diabète de type 2. Des nuits de moins de 6h augmentent ainsi le risque de diabète de type 2 d’environ 28%.

De plus, une étude de 2017 menée par Anna Urrila sur 177 adolescents a montré qu’un sommeil insuffisant (inferieur à 6h) est corrélé à un plus petit volume de matière grise. Cette diminution était aussi associée à de mauvais résultats scolaires. Ces résultats suggèrent que le sommeil joue un rôle important, à la fois dans le développement des structures cérébrales à l’adolescence que dans les performances scolaires.

Le sommeil a aussi un impact sur l’amygdale, qui régule les émotions. Lors d’un manque de sommeil, on constate une hyperactivité de celle-ci (≃60% plus réactive). Cette hyperactivité tend à expliquer les changements émotionnels visibles lors de grosse fatigue (être à bout de nerfs, pleurer pour un rien, sur-réagir…), et est dû notamment à un affaiblissement du lien entre l’amygdale et le cortex préfrontal, jouant un rôle dans la régulation de celle-ci.

Le sommeil semble avoir aussi un lien avec la maladie d’Alzheimer. En effet, cette maladie aurait différentes causes, encore mal connues. Toutefois, on suppose que la formation de plaques séniles serait en grande partie induite par l’accumulation de protéine β-amyloïde (bêta-amyloïde). On constate chez les personnes dormant moins de 6h par nuit un risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer. En effet, lorsqu’une personne est privée de sommeil pendant seulement une nuit, on remarque une forte augmentation de protéine β-amyloïde dans les vaisseaux sanguins et le liquide céphalo-rachidien. Cependant cette augmentation serait empêchée par le fonctionnement du système glymphatique (composée de cellules gliales). Découvert par Maiken Nedergaard en menant des expériences sur des souris, ce système permettrait le nettoyage du cerveau, évacuant les toxines telles que la protéine β-amyloïde. Particulièrement actif en phase de sommeil profond/sommeil paradoxal, on s’est aperçu qu’une diminution du temps de sommeil durant seulement une nuit empêcherait son fonctionnement optimal, augmentant le risque de développer la maladie d’Alzheimer. L’âge semble donc jouer un rôle dans l’augmentation du risque d’Alzheimer car plus on vieillit plus la qualité et la quantité de sommeil diminuent.

In fine, on constate que dormir en dessous de 6/7 heures par nuit à un fort impact sur notre organisme. Toutefois, des études ont montré que dormir au-dessus de 9h augmentait aussi le risque de mortalité. Par cela, il est important de comprendre que toute heure de sommeil perdue ne peut être rattrapée.

Sources

Vidéos TED :

  • What’s the connection between sleep and Alzheimer’s disease?
  • How sleep affects your emotions
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