Description
On a souvent associé le normal à des dispositions physiologiques précises. La réflexion de Canguilhem se développe autrement. Pour lui, les constantes physiologiques, qui renvoient à un ordre statistique, ne peuvent être présentées comme idéales, normatives, car c’est le malade qui est à l’origine de la science médicale. Cette perspective conduit nécessairement à distinguer entre l’anomalie, c’est-à-dire la différence, et l’anormalité. L’anomal ne devient anormalité que lorsqu’il induit une incapacité à vivre, à s’adapter. La norme n’est donc pas tant la moyenne constatée par la science médicale que l’adaptabilité même du vivant. Elle signifie l’autonomie du vivant, c’est-à-dire à sa capacité d’adhérer à une loi fondamentale de l’être, ici la normativité elle-même. Une telle conception, en donnant la primauté à la vie dans la pratique médicale, même si elle ne s’interroge pas sur l’origine et la nature, permet de mettre en évidence l’anormalité du clonage.
Norbert Mallet, doctorant à Paris-IV, professeur à l’IPC en Histoire de la philosophie, est consultant à l’IEDH (Institut Européen de Développement Humain).