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Johanna Hauguel – neuropsychologue – En entreprise

  • Secteur d’activité : santé mentale / Troubles du neurodéveloppement
  • Métier :  neuropsychologue
  • Entreprise : EPNAK
  • Promo : Psy 46

Entretien avec Johanna Hauguel :

l’IPC m’a transmis une vision intégrative de la psychologie, profondément enracinée dans une compréhension globale et unitaire de chaque personne. L’IPC m’a également transmis de solides bases anthropologique et épistémologiques afin d’utiliser mes connaissances scientifiques de manière cohérente et d’aider au mieux les personnes que j’accompagne.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours de formation après l’IPC ?

Je m’appelle Johanna Hauguel, je suis psychologue spécialisée en neuropsychologie, et j’ai eu la chance de réaliser ma licence de psychologie à l’IPC. J’ai ensuite continué mon cursus universitaire en master de neuropsychologie à l’université Paris Descartes (actuellement Paris Cité), puis j’ai commencé à exercer à l’hôpital Sainte-Anne (GHU) pendant plusieurs années au sein des deux pôles universitaires de l’hôpital. J’ai ensuite travaillé en hôpital de jour pour adolescents au Relais Jeunes de Sèvres pendant quelques années. Tout particulièrement passionnée par les Troubles du Neurodéveloppement (TND), j’ai décidé de quitter le Relais afin de participer à l’ouverture d’une nouvelle antenne de l’EPNAK dans les Yvelines, spécialisée dans l’accompagnement et dans la réinsertion socio-professionnelle de personnes avec troubles du spectre de l’autisme. J’exerce dans une démarche intégrative et j’ai eu à cœur de multiplier les formations afin de développer toujours plus d’outils individualisés, toujours au plus près des besoins réels des personnes accompagnées (formation d’éducation thérapeutique du patient, formation aux outils d’évaluation du trouble du spectre de l’autisme, de la psychose émergente, à la gestion de la crise suicidaire, aux outils de communication alternative et augmentée, à des techniques spécifiques de remédiation cognitive,…)

Vous êtes neuropsychologue à l’EPNAK (un établissement public dont la mission est d’accueillir et d’accompagner des enfants, des adolescents et des adultes en situation de handicap et de contribuer à leur insertion sociale et professionnelle).  Pouvez-vous nous présenter ce projet ? Quel est votre rôle dans ce projet en tant que neuropsychologue ?

La création de cette antenne s’inscrit dans la Stratégie Nationale pour les TND qui met en lumière les difficultés d’accès à l’emploi pour les personnes avec TND. En effet, trop peu de structures spécifiques existent dans l’accompagnement de cette population à l’âge adulte, et la prise en charge des freins inhérents à leurs troubles (difficultés cognitives, sociales, émotionnelles,…) est rarement réalisée. L’aide à l’autonomisation de ces personnes est encore trop peu une priorité, que ce soit par manque de moyens territoriaux, mais aussi par manque de formation des professionnels. Par conséquent, la création de telles structures constitue une réelle innovation car elle a pour vocation d’allier l’accompagnement thérapeutique nécessaire à ces personnes (remédiation cognitive, habiletés sociales, aide à la gestion du stress, communication alternative et augmentée, méthode TEACCH,…) à l’accompagnement professionnel à proprement parler.

En tant que neuropsychologue, j’ai pu avoir un rôle d’expertise dans l’aide au déploiement du projet, afin d’aider à développer et valider des axes d’accompagnement scientifiquement validés, et cohérents avec une prise en charge globale de la personne.

Sur le terrain, mes missions résident dans l’évaluation des personnes, afin de déterminer les leviers et les freins à leur autonomisation. Cela me permettra par la suite de dresser un parcours d’accompagnement cohérent avec les besoins réels de la personne, dans les domaines de la neuropsychologie (favoriser les apprentissages, aider à l’autonomisation, identifier les troubles sociaux et mettre en place des stratégies d’adaptation, remédiation cognitive) ou plus globalement de la psychologie (psychoéducation sur les troubles, groupes d’habiletés sociales, de gestion du stress, CAA, TEACCH,..).

Vous avez travaillé au contact d’adultes et d’adolescents. Quelle est la spécificité de la prise en charge d’un adolescent par un neuropsychologue par rapport à celle du psychologue clinicien ? 

A mon sens, il n’y a pas forcément de dualité, mais plutôt des spécificités entre les neuropsychologues et les psychologues cliniciens. Les neuropsychologues sont d’ailleurs, à proprement parler des psychologues cliniciens ! Pour moi, cela dépend beaucoup du parcours de chaque professionnel, et des formations entreprises après le master, car le métier de psychologue est un métier où l’on n’arrête jamais de se former, et c’est ce qui le rend si passionnant !

Concernant les spécificités, le neuropsychologue a, outre une vision du fonctionnement psychique, la chance d’avoir une grille d’analyse supplémentaire qui est la connaissance du fonctionnement cognitif (c’est-à-dire comment les problématiques cérébrales peuvent impacter le niveau de concentration, de mémorisation, d’adaptation, de motricité, de langage, et de compétences sociales). La compréhension du fonctionnement cognitif a apporté un éclairage particulièrement aidant dans le domaine de la psychiatrie et des troubles du neurodéveloppement où il a longtemps existé de nombreuses confusions entre ce qui était de l’ordre de ressorts psychiques versus cognitifs, véhiculant un discours souvent culpabilisant et dénigrant. L’éclairage neuroscientifique a permis ainsi d’apporter un nouveau souffle à ces personnes, avec des pistes d’intervention plus ciblées et plus efficaces.  

Comment les cours de philosophie que vous avez reçu lors de votre licence de psychologie à l’IPC vous aident dans votre pratique quotidienne de la psychologie ? Que conseillerez-vous à un étudiant qui commence ses études à l’IPC ?

Les cours reçus à l’IPC me sont très utiles au quotidien.

Dans les domaines de recherche et d’innovation, il est particulièrement important de connaître la valeur de ses connaissances scientifiques, afin de savoir ce qu’elles nous disent, et surtout ce qu’elles ne nous disent pas ! Tout le travail épistémologique m’a été en ce sens très utile, et me permet d’éviter encore aujourd’hui de tomber dans de nombreuses dérives dogmatiques, encore beaucoup trop présentes dans le domaine de la psychologie.

Les cours de philosophie m’ont également aidée à avoir une vision de l’humain et du monde réaliste et holistique, et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai tenu à inscrire mon métier dans une démarche plus intégrative, et plus centrée sur les besoins des personnes.  

Enfin, le premier outil du psychologue, c’est d’abord soi-même. Nous sommes amenés à accueillir au quotidien beaucoup de souffrance, imprégnée d’une perte de sens en la vie, d’une incompréhension vis-à-vis de sa maladie ou de ses troubles, ce qui s’accompagne souvent de violence verbale, et parfois même physique. Il est donc essentiel d’avoir de très solides assises psychiques pour faire ce métier. On conseille souvent aux jeunes psychologues d’entamer eux-mêmes une psychothérapie afin de les aider à être au clair sur leurs propres fragilités psychiques. A titre personnel, je ne pense honnêtement pas que cela soit suffisant. Une réelle connaissance philosophique de sa propre personne, de ses forces, de ses limites, et surtout de ses valeurs me semble un incontournable pour se lancer dans la belle aventure du métier de psychologue, et pour identifier ce qui nous motive profondément à faire ce beau métier. 

Parcours de formation

Lauréate du Master 2 en Neuropsychologie à Paris cité.