Pourquoi avez-vous décidé de faire une classe préparatoire ?
Qui sait ce qui nous pousse à faire tel choix plutôt qu’un autre ? J’ai tout de même réussi à discerner aujourd’hui plusieurs raisons : ayant un profil généraliste et ne voulant pas m’engager dans des études trop spécifiques, j’ai opté pour la classe prépa, proposant un grand panel de matières qui m’avaient passionné au lycée (histoire ; littérature ; langues…). J’avais envie d’en apprendre davantage, de nourrir ma curiosité. J’avais envie de me mettre un challenge, me prouver que j’étais capable de soutenir le rythme intense qu’une classe prépa proposait.
Quel souvenir de la prépa gardez-vous (ambiance de classe, charge de travail, contenu des cours, discipline de vie…) ?
C’était vraiment très intense, dans tous les sens du terme : aussi bien du point de vue du rythme que du contenu des cours. Lorsque je raconte le format des concours blancs, ou des examens que l’on avait de manière régulière (une épreuve durait entre 5h et 6h par matière), cela fait souvent peur. Les personnes se demandent comment nous faisions pour arriver à gérer autant de contenu, d’informations. Ce qui a été le plus difficile pour moi est d’avoir réussi à bien intégrer la méthode de dissertation, qui varie selon chaque matière et parfois même, selon chaque professeur. Une bonne introduction était parfois tout un art, comparé à de la dentelle fine, où chaque phrase avait sa raison d’être, mais que l’on ne peut copier bêtement en appliquant les étapes. Il faut réussir à intégrer une aisance naturelle, qui vous distingue des autres : il ne faut pas simplement réussir à avoir la moyenne (qui est difficile à atteindre sans la méthode maîtrisée), il faut viser l’excellence, car ce qui est visé par la prépa, ce sont les concours. Un équilibre complexe, donc, à trouver, entre rentrer dans le cadre sans pour autant éteindre son originalité, son « génie personnel » qui fera que l’on se distingue des autres. Mais l’exigence n’empêche pas la bienveillance, l’ambiance de camaraderie et de soutien que j’ai trouvé en prépa. Des vraies amitiés se sont tissées, que je garde encore aujourd’hui.
Au bout de combien d’années de prépa êtes-vous arrivé à l’IPC ?
Au bout de deux ans. Je savais que j’étais très fatiguée après ces années intenses, je ne savais pas encore si j’allais pouvoir aller au bout des concours et donc envisager une école de commerce ou l’ENS. Une troisième année ne s’est pas vraiment posée pour moi. Aimant la philosophie (qui était ma matière préférée en prépa), je me suis tournée naturellement vers une licence de philosophie. J’avais entendu parler de l’IPC, une fac « pas tout à fait comme les autres » […]. J’y suis allée un peu par hasard, encouragée par une amie, avec quelques préjugés.
Quelle a été votre première impression en arrivant à l’IPC ?
Ma première impression a été un soulagement, en pénétrant dans le hall sombre de l’immeuble. Il aboutissait à une cour ensoleillée, bordée de verdure […]. Je m’y suis sentie bien, au calme et apaisée. J’étais en confiance. Une grande douceur émanait des lieux.
Quels sont les points de divergence et de similitude entre une classe préparatoire et l’IPC ?
Ce sont deux formations qui visent l’excellence, mais qui n’accordent sans doute pas la même définition à ce terme, et par conséquent, qui n’appliquent pas la même méthode pour y parvenir. En classe préparatoire, l’objectif est d’être le meilleur, de gagner un concours en un temps limité (deux ans de préparation). L’étudiant a donc deux ans pour amasser un maximum de connaissances, maîtriser de manière approfondie les philosophes qui ont traité tel thème (comme le bonheur par exemple). J’étais donc habituée à un rythme très soutenu, et j’avais peur d’un rythme plus lent, voir même de m’ennuyer à l’IPC. J’ai réalisé après quelques mois à l’IPC, qu’étudier pendant deux ans un philosophe était en réalité loin d’être suffisant ! Au contraire, à l’IPC on peut prendre le temps d’être familier avec une philosophie : ce temps est même nécessaire. Il y a certaines choses que l’on ne peut pas comprendre tout de suite, c’est seulement quelques mois, voire années plus tard que l’on comprend mieux ce que tel auteur a pu vraiment dire. L’on ose également prendre ce risque à l’IPC, de faire le lien entre notre vie et la philosophie : le risque de se laisser toucher par elle. Ce que l’on comprend et apprend, peut véritablement changer nos vies (et n’est pas destiné à une seule fin utile comme la réussite d’un examen). En un mot, la classe préparatoire vise en premier lieu la réussite d’un examen (ce qui n’empêche pas que l’on puisse s’épanouir par ce moyen là et grandir) ; l’IPC vise une tout autre forme d’excellence : la recherche de la vérité (sans pour autant dénigrer la réussite scolaire).
J’ai beaucoup apprécié les deux : la classe préparatoire me permettant d’avoir une vision plus précise du panel infini de la connaissance humaine ; l’IPC m’a permis de comprendre ce que veut dire « connaître ».
Pourquoi conseilleriez-vous l’IPC à des élèves sortant de classes préparatoires ?
J’espère que le paragraphe d’avant vous y a incité : ce sont deux formations très différentes, mais très riches. N’ayez pas peur de vous ennuyer à l’IPC, c’est bien une école qui pourrait changer votre vie.