Interview de Marguerite de Pompignan – Coordinatrice pédagogique du Diplôme d’Établissement Adolescence et Santé Mentale & Psychologue clinicienne
Pourriez-vous expliquer en quelques mots en quoi consiste ce D. E. et ce qui a motivé sa création au sein de l’IPC ?
Ce DE est né du constat que font de nombreux professionnels qui travaillent au contact de jeunes : il est primordial de comprendre les besoins des adolescents et de mieux saisir les enjeux de cette période, en particulier sur le plan psychologique.
Dans une société en constante évolution, nous nous devons de chercher à proposer aux adolescents un accompagnement efficace et ajusté face à l’essor du numérique, de la violence, de la vulnérabilité psychique et des troubles mentaux. A notre connaissance, aucune formation à destination des différents professionnels du champ psycho-socio-éducatif ne proposait jusqu’ici un contenu théorique et pratique associant les différents champs des sciences humaines et sociales. Aborder l’adolescence avec une approche holistique répond au besoin de nombreux professionnels exerçant auprès de jeunes.
Nous ne pouvons que faire le constat de la vulnérabilité psychique des adolescents aujourd’hui
À qui s’adresse cette formation ? Est-elle réservée aux professionnels de santé ou peut-elle également intéresser des parents, enseignants ou éducateurs souhaitant mieux comprendre les jeunes ?
Cette formation est ouverte à toute personne travaillant au contact d’adolescents et désireuse de se former. Elle est pertinente pour tous les professionnels – diplômés ou en formation – concernés par le monde de l’adolescence :psychologues, éducateurs, responsables pédagogiques en établissements scolaires, infirmières scolaires. Nous demandons à ce que les personnes qui viennent se former soient engagées dans une pratique professionnelle ou associative au contact d’adolescents.
De quelle manière ce parcours répond-il aux enjeux actuels liés à la santé mentale des adolescents ?
Les pouvoirs publics ont fait de la santé mentale une grande cause nationale, en ciblant particulièrement les jeunes.
Nous faisons en effet le rude constat d’une très grande augmentation de la vulnérabilité psychique des adolescents aujourd’hui : 5 ans après la crise du Covid les pensées suicidaires ont doublé, les passages à l’acte ont augmenté de 60% et les études ont montré qu’un jeune sur cinq présente une détresse psychologique élevée.
Il faut reconnaître que la réalité des jeunes diffère de celle des générations précédentes, bien souvent leur cheminement vers la vie adulte est plus long, moins linéaire, moins prévisible et marqué par les différents enjeux contemporains. Ces aspects sont d’autant plus à prendre en compte que l’adolescence reste une période de vie charnière à considérer sérieusement. Durant celle-ci, l’identité se construit et l’autonomie doit s’acquérir au milieu de divers bouleversements physiques, cognitifs, émotionnels et sociaux.
Ainsi, en s’inscrivant dans la réalité de notre société contemporaine, cette formation à la fois théorique et pratique permet de réfléchir aux problématiques que peuvent rencontrer les adolescents, d’en saisir les enjeux, et de proposer des clés pour accompagner et orienter les adolescents sans pour autant pathologiser toute vulnérabilité psychique propre à cette tranche d’âge.
La question du sens étant centrale à l’IPC, comment est-elle abordée dans l’accompagnement des jeunes en souffrance dans ce D. E. ?
La question du sens peut renvoyer à deux réalités, qui n’en demeurent pas moins liées.
D’une part nous pouvons nous demander de quoi la souffrance est-elle le signe ? Autrement dit, la souffrance exprimée est sûrement à considérer comme le symptôme visible d’une cause psychique qu’il convient de nommer et de comprendre afin de proposer un accompagnement adapté à la situation.
D’autre part, et il s’agit peut-être là justement du point qui est particulièrement abordé à l’IPC avec l’éclairage de la philosophie, le sens renvoie fondamentalement à la finalité, dont au fond toute prise en charge se réclame. Il est nécessaire de se demander dans quelle perspective tout accompagnement est réalisé, tant du point de vue de l’adolescent que dans une perspective plus générale qui est celle de l’Homme. Si le bien-être ne constitue pas le bonheur en tant que tel, il est indéniable qu’un bon équilibre psychique est nécessaire pour laisser la possibilité à l’adolescent de découvrir l’agir libre , « voie royale » de son véritable épanouissement associé à une actualisation de ses potentialités.
Un mot pour conclure ?
La diversité et la qualité des intervenants permettent d’avoir des regards croisés d’experts sur la période de l’adolescence et les problématiques contemporaines associées. Nous nous tenons disponibles pour répondre à vos questions : contact.de-psycho@ipc-paris.fr.
N’hésitez pas à candidater pour ce D. E., nous étudierons avec beaucoup d’intérêt vos motivations à le rejoindre !
