Par Florian Laguens
Arthur S. Eddington ( 1882-1944 ) est unanimement considéré comme l’astronome le plus influent de l’entre-deux-guerres, et son nom reste associé aux premières confirmations expérimentales de la relativité d’Einstein. On sait moins que son rôle fut décisif pour l’émergence des premiers modèles d’univers en expansion, à l’origine de la théorie du Big Bang. Il a aussi investi le champ épistémologique par plusieurs ouvrages majeurs, et il fut un philosophe de la physique parmi les plus lus de son temps. Cette étude, issue d’une thèse soutenue en 2018 à l’université Panthéon-Sorbonne, s’efforce de prendre en compte la totalité des oeuvres publiées par Eddington et d’ajouter de nombreux documents inédits, afin de constituer un portrait de sa philosophie. Se déploie peu à peu une conception stimulante de la nature et de la portée de la science physique, parfois déroutante mais non sans cohérence, à condition de la reconduire à ses intuitions originaires. Un dialogue se noue en définitive à trois niveaux. D’abord entre les textes mêmes d’Eddington, de sorte à manifester les grandes phases de sa réflexion sur la signification du monde physique. Ensuite, entre les composantes de la vie d’Eddington, à la fois scientifique, philosophique et religieuse. Finalement, avec trois inspirateurs : Bertrand Russell, Emmanuel Kant et René Descartes. Eddington révèle ainsi la profondeur de ses intuitions, l’originalité de sa démarche et l’actualité de sa pensée.
Licencié en physique et docteur en philosophie, Florian Laguens est enseignant-chercheur à l’IPC-Facultés libres (Paris) et au Collège des Bernardins. Ses travaux portent notamment sur des questions d’histoire et de philosophie des sciences contemporaines.